Aujourd’hui la reine est morte. Ou peut-être hier je ne sais pas…
Le Parisien, lui, le sait, il annonce la mort d’Elizabeth II (1926-2022), décédée la veille, le 8 septembre, à l’âge de 96 ans.
En page 2, on peut lire sous la plume de Séverine Cazes et Charles de Saint Sauveur : « C’est le communiqué que le peuple britannique – et bien au-delà – redoutait depuis si longtemps […] : La reine est morte paisiblement à Balmoral cet après-midi. indiquait le palais, sobrement. Comme si l’infinie tristesse de cette nouvelle n’appelait aucun autre commentaire. »
Bas le moral des Anglais, et pas qu’eux.Le journal consacre quatorze pages à l’événement et retrace la vie et le parcours de la reine.
L’histoire du Parisien est plus courte que celle de la reine. Il est fondé le 22 août 1944 à la Libération sous le nom de Parisien libéré (Paris ne sera libérée que le 25 août) par plusieurs résistants : Robert Buron, Jean Helleu et Félix Garras et surtout Émilien Amaury (1909-1977) acteur de la presse clandestine durant l’Occupation. Le Parisien libéré remplace Le Petit Parisien, journal interdit à la Libération. Il va, comme beaucoup d’autres titres issus de la Résistance, s’installer dans les locaux de son prédécesseur, au 18 rue d’Enghien, dans le 10ème arrondissement de Paris.
Journal gaulliste du temps d’Amaury, de droite encore aujourd’hui. L’information est généraliste. On y retrouve les actualités internationales, nationales et locales en fonction du département couvert par l’une des neuf éditions.
Dans les années 50, farouche partisan de l’Algérie française, le journal mène une propagande durant la guerre afin de lutter contre l’indépendance de l’Algérie. Il défend même Maurice Papon, lorsqu’il était alors préfet de police de Paris, suite aux évènements du 17 octobre 1961 durant lesquels de nombreux manifestants algériens furent jetés dans la Seine.
En février 1975, c’est la crise dans les imprimeries du Parisien. Amaury décide que les éditions du journal seront imprimées ailleurs et surtout sans les ouvriers du Livre CGT. S’ensuit un conflit et une grève qui vont durer plus de deux ans. Vainqueur: les travailleurs de la presse. Mais Émilien Amaury ne verra pas la fin du conflit social, car il meurt le 2 janvier 1977 des suites d’ une chute de cheval. « Le cheval d’Amaury sort indemne d’un accident » titre Libération….
Son fils Philippe, héritier, récupère Le Parisien libéré et le rebaptise Le Parisien le 25 janvier 1986.
En 1994 arrive l’édition nationale du journal : Aujourd’hui en France.
Le périodique est depuis 2015 la propriété du groupe LVMH appartenant à Bernard Arnault.
Le journal était diffusé en 2021 à plus de 180 000 exemplaires.
Et du côté de la Grande- Bretagne, la reine est morte, vive le roi. Charles III succède à Elizabeth, « tant aimée ».
Le Centre de la Presse possède près de 6.000 exemplaires du Parisien et d’Aujourd’hui en France.
Valentin Chaput