Il y a 20 ans, en 2003 : la canicule

En août 2003, il y a tout juste vingt ans, la France subissait un épisode de canicule qui
suscita une grande couverture médiatique jusqu’à l’international, tant pour son
exceptionnalité que par les défaillances du gouvernement de l’époque à apporter des
solutions face à cette crise sanitaire responsable de plus de 20.000 décès, notamment chez
les personnes âgées.

Retour sur le traitement médiatique d’un événement tragique et marquant.

C’est l’un des pires drames sanitaires que la France ait connu, bien avant la crise sanitaire
du coronavirus en 2019. Dans un premier temps, les médias ont joué un rôle prépondérant
dans l’alerte et la sensibilisation de la population face aux dangers de la chaleur extrême.

Très vite, les chiffres alarmants ont attiré l’attention des journalistes, puis des Français. Le
nombre élevé de décès quotidiens et la gestion chaotique des personnes déshydratées
dans les services d’urgence mettent en lumière la situation. Une situation que la France
n’avait pas connue depuis les années 1950 d’après Météo France.

Des tentes réfrigérées sont installées à la hâte pour accueillir les corps qui ne peuvent plus
être gardés dans les funérariums, faute de place. En région parisienne, un hangar du
marché international de Rungis sera même utilisé comme chambre mortuaire.

Mais c’est aussi la réaction tardive des autorités, qui fut rapidement décriée par l’opinion
publique à l’époque. Les critiques n’ont pas tardé à fuser, soulignant l’apparente
impréparation des infrastructures de santé à faire face à une telle vague de chaleur.

Le Parisien, par exemple, a tenté de compter le nombre de corps présents dans les
morgues, très vite débordées et surchargées avant de préciser que le bilan “se chiffrera en
milliers de victimes”.

Libération du 15 août 2003 – Collection Le Centre de la Presse
La personnalité du jour

Face à une situation de crise qui s’enlise de jour en jour, les médecins tirent la sonnette
d’alarme. Et le 10 août 2003, les Français découvrent un soir, le visage d’un médecin
urgentiste de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, alors inconnu du grand public : Patrick Pelloux.
président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France, il alerte :
« On est à flux tendu (…), 80% de nos services ont des problèmes d’effectifs et la canicule
aggrave une situation catastrophique ».

Trois jours plus tard, sous la pression médiatique, le ministre de la Santé de l’époque, Jean-
François Mattei s’exprime sur TF1. Il répond aux questions depuis sa maison de vacances
dans le Sud, habillé d’un polo. Il se défend : “Je ne pense pas du tout qu’il y ait eu de sous-
estimation (des conséquences sanitaires). Pour sous-estimer, il faut être averti, or cette
canicule n’était pas prévisible.” Une déclaration et une posture qui feront bondir les familles
des victimes de la canicule. « Tandis que les uns dorent doucement sous le soleil des vacances, d’autres meurent sur leur lit d’hôpital », écrira Ouest-France, le lendemain, le mardi 12 août.

Il annoncera tout de même la mise en place d’un numéro vert pour donner les mesures de
prévention et affirmer que « tous les services sanitaires sont en état d’alerte ».

En vidéo sur l’INA : https://www.ina.fr/ina-eclaire-
actu/video/2370304001009/duplex-jean-francois-mattei-en-direct-du-var

Le Monde du 15 août 2003 – Collection Le Centre de la Presse

Le 13 août, le Plan blanc, prévu pour accueillir des victimes en grand nombre, est déclenché
en Ile-de-France et sera ensuite étendu au reste de l’Hexagone le lendemain. Le même jour,
le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin interrompt ses vacances et se rend à Matignon pour
présider une réunion de crise à Matignon.

Quant au président de la République Jacques Chirac, il ne prendra la parole que le 21 août
à son retour du Québec.

Depuis, un Plan national canicule a été créé pour coordonner les moyens d’action en cas de
nouvelle vague de chaleur et Météo France a fixé des niveaux d’alerte, encore utilisés
aujourd’hui.

La faute au réchauffement climatique ?

Au-delà de la gestion de la crise, les médias ont également cherché à comprendre les
causes de cette canicule exceptionnelle. Des débats sur les facteurs liés au changement
climatique ont été largement relayés, permettant de sensibiliser le public sur l’urgence d’agir
pour lutter contre les effets du réchauffement de la planète et amener une meilleure
compréhension des enjeux environnementaux liés aux vagues de chaleur.

En fin de compte, l’impact de la canicule de 2003 sur la politique et la santé publique a
également été évoqué par les médias. Après cet événement tragique, une prise de
conscience s’est opérée, incitant les autorités à réévaluer leurs politiques de santé publique
et à renforcer les mesures de prévention en vue de faire face aux futurs épisodes de
canicule.

Cette canicule restera gravée dans les mémoires, non seulement en raison de son ampleur
tragique, mais aussi de par la mobilisation et la solidarité dont ont fait preuve les Français
pour surmonter cette épreuve.

Elisa Humann

Le Nouvel observateur du 14 août 2003 – Collection Le Centre de la Presse
Libération du 12 août 2003 – Collection Le Centre de la Presse
Le Monde du 6 août 2003 – Collection Le Centre de la Presse
Libération du 9 août 2003 – Collection Le Centre de la Presse