Presse satirique : de nouvelles acquisitions

De belles acquisitions de documents datant de la première moitié du XIXème siècle ont été opérées par Le Centre de la Presse ces derniers jours : des pages ou des exemplaires issus de deux journaux fondés par le caricaturiste Charles Philipon (1800-1862), La Caricature et Le Charivari.

Victor Hugo chargé par le maître de la caricature Honoré Daumier. Le Charivari du 20 juillet 1849. Collection Le Centre de la Presse.

La première est une caricature du plus grand de nos écrivains français, Victor Hugo. Cette charge est signée d’Honoré Daumier (voir la signature HD), extraite du journal Le Charivari du 20 juillet 1849. À cette date, Hugo vient d’être élu pour la seconde fois député. Quelques jours auparavant,  il a prononcé son fameux discours « Détruire la misère » à l’Assemblée nationale législative.
En légende de cette gravure, on lit :  » On vient de lui poser la question grave, il se livre à des réflexions sombres – la réflexion sombre peut seule éclaircir la question grave ! – aussi est-il le plus sombre de tous les grands hommes graves ! « 

« La Poire et ses Pépins » d’Auguste Bouquet. La Caricature du 4 juillet 1833. Collection Le Centre de la Presse.

Autre remarquable acquisition : une illustration satirique (retirage d’époque grand format sous vieux cadre en verre) intitulée « La Poire et ses Pépins » dont la parution dans le journal La Caricature N° 139 date du 4 juillet 1833. Cette planche (N°290) est signée des initiales AB qui appartiennent à Auguste Bouquet (1810-1846) peintre, lithographe, graveur et caricaturiste. .

Que voit-on sur cette illustration  ? À l’intérieur d’une moitié de poire gigantesque,  » à la place des pépins se trouvent rassemblés autour de la réserve du « BUDJET [BUDGET] » les membres de la famille royale. Il ne semble pas que Louis-Philippe s’y trouve, mais sans doute peut-on reconnaître le duc d’Orléans, la reine Marie-Amélie et Adélaïde. D’autres personnages sont présents, mais difficilement identifiables. Tous sont occupés à manger et à boire aux frais du budget, censé être un bien commun à tous les citoyens français et non pas réservé à alimenter la famille royale. La mouche posée sur la poire annonce le pourrissement imminent du fruit [on remarque qu’elle est positionnée juste à l’emplacement de l’œil dans la poire « Louis Philippe » du dessin de Charles Philipon]. Selon Margadant, il s’agit d’ « une poire géante en train de pourrir, coupée en tranches pour révéler la famille royale blottie autour d’un trésor là où auraient dû se trouver les pépins, en une allégorie parfaite de la culture familiale que l’avarice même du Roi Poire avait forgée ». Dans cette planche, le motif de la poire, inventé par Charles Philipon afin de caricaturer le visage de Louis-Philippe, et devenu par la suite un véritable attribut satirique désignant le roi des Français, est utilisé à grande échelle, comme un habitat protecteur au cœur duquel viendrait se nicher la famille royale tout entière. Au-delà de la personne de Louis-Philippe, la poire sert donc à désigner le régime dans son entier : un fruit pourrissant, dont les pépins, c’est-à-dire les membres du gouvernement, sont profiteurs et néfastes.[…] Auguste Bouquet fait partie de cette génération de caricaturistes courageux qui osèrent défier la censure, et dont la cible privilégiée était Louis-Philippe. » (1)

On retiendra que parmi les autres acquisitions, on trouve d’autres créations d’Auguste Bouquet, d’Honoré Daumier et de Charles Philipon,  publiées dans La Caricature et Le Charivari entre 1831 et 1835. C’est un fait, les collections du Centre de la Presse s’enrichissent de plus en plus, côté presse satirique… Qui s’en plaindra ?

(1) Texte provenant du site marchand Livre Rare Book.